HUC Aimé, Jean, Victor.
Né le 17 juin 1911 et mort le 10 octobre 1987 à Narbonne (Aude) ; instituteur puis viticulteur ; conseiller général socialiste SFIO puis PSU de Narbonne (1945-1964) ; 1er adjoint socialiste de Narbonne (1948-1959) ; candidat PSA puis PSU dans la 2e circonscription de l’Aude (1958, 1962) ; franc-maçon.


Aimé Huc était le fils de Paul Huc, tourneur (31 ans) et de Marie-Catherine Donès, ménagère (21 ans). Il s’était marié à Paris (VIIIe) le 19 avril 1952 avec Denise Morel. À la fin des années 1930, Aimé Huc adhéra aux jeunesses socialistes SFIO, animant dans l’Aude le mouvement des Faucons Rouges. Comme la plupart des dirigeants socialistes audois, Aimé Huc était instituteur. Franc-maçon, il avait été initié à la Libre Pensée, loge GODF de Narbonne. À la Libération, Aimé Huc et Georges Guille* se heurtèrent à l’homme fort de la fédération SFIO de l’Aude avant guerre à Eugène Montel*, proche de Léon Blum*, qui s’était implanté à Narbonne en 1929.

Orateur très charismatique, Aimé Huc fut élu à 34 ans conseiller général SFIO de Narbonne le 30 septembre 1945 dès le 1er tour. En novembre 1945, il prit la succession de Léon Blum en tant que directeur de La République sociale, hebdomadaire de la section de Narbonne puis de la fédération SFIO de l’Aude. Militant très actif de la fédération de l’Aude, menée notamment par Georges Guille parlementaire entre 1945 et 1973, Aimé Huc était également 1er adjoint de Louis Madaule*, maire SFIO de Narbonne entre 1948 et 1959. Il fut réélu conseiller général en 1951.
En janvier 1956, Aimé Huc alla porter la contradiction à Pierre Poujade, venu soutenir la liste UDCA dans l’Aude, qui obtint un élu, Adrien Salvetat, pharmacien de Narbonne. Opposant à la ligne majoritaire de la fédération socialiste SFIO, il contestait localement les positions de Georges Guille, secrétaire fédéral mais aussi secrétaire d’État du gouvernement Guy Mollet. Lors du congrès fédéral du 13 juin 1957, il soutenait la motion Depreux-Mayer, favorable à des négociations immédiates en Algérie (39 voix sur 285 dans l’Aude). Socialiste minoritaire, en rébellion ouverte contre la direction de la SFIO, Aimé Huc participa à la scission du PSA, puis du PSU, dont l’emprise restait faible dans l’Aude.
Aimé Huc porta des accusations contre Louis Madaule, entrepreneur d’électricité, concernant les conditions dans lesquelles cet entrepreneur d’électricité a effectué des fournitures de travaux à la ville. En février 1958, « l’affaire Huc » se termina par l’exclusion prononcée par la commission des conflits, après une période de vives turbulences internes pour les socialistes dans l’Aude.
Les 20-27 avril 1958, Aimé Huc l’emporta sous l’étiquette socialiste dissident face à Emile Roux* (SFIO), maire de Narbonne (1947-1948) et sénateur entre 1948 et 1959. Il entamait ainsi un 3e mandat de conseiller général, restant le seul élu PSU de l’Aude. En novembre 1958, Aimé Huc fut candidat UFD aux législatives dans la 2e circonscription de l’Aude, tandis que le PCF présentait Yvonne Cerny*, les radicaux-socialistes M. Bourdin et la droite Pierre Granger. Au second tour, le retrait de Aimé Huc favorisa la victoire de Francis Vals*, député entre 1951 et 1974, avec 43.6 % des voix. Il conduisait également la liste UFD aux municipales à Narbonne, qui fusionna au second tour avec la liste du PCF, sans avoir aucun élu. En novembre 1962, Aimé Huc se présenta à nouveau aux élections législatives à Narbonne, avec Jacques Vidal (instituteur), comme candidat suppléant. Le tandem PSU obtint 3 338 voix soit 8.06 % des suffrages exprimés, nettement distancé par Francis Vals (20 238 voix, 48.9 % des voix), qui l’emporta facilement au second tour avec 75.3 % des voix. En 1964, il ne se présenta pas lors du renouvellement cantonal, ne figurant pas non plus sur la liste PCF-PSU aux municipales de mars 1965.
Dès lors, il se retira dans son domaine au Nord du Narbonnais (plateau de Quartourze ou Quatourze situé dans le très vaste territoire communal de Narbonne), se consacrant à des activités agricoles (viticulture et élevage des moutons). Il se présenta à nouveau en septembre 1973 dans le nouveau canton de Narbonne-Sud, sous l’étiquette « Rassemblement socialiste ». En mars 1983, il conduisait une liste intitulée « Solidarité et Démocratie », 3e liste verte pour l’avenir de Narbonne, sur laquelle figurait un ancien conseiller général RPF de la Seine (Henri Sicre).
Après son décès dans sa propriété agricole, dans le numéro du 12 octobre 1987 du Midi Libre, la rubrique nécrologique qui lui était consacrée notait que « c’était un redoutable polémiste, qui n’a pas eu la belle carrière politique qui lui semblait promise ».

SOURCES : Arch. Marc Heurgon, dossiers Aude. — Arch. Mun. De Narbonne. — Le Monde (1958, 1962). — Jean Lenoble, Le Parti Socialiste dans l’Aude, tomes 1 et 2, 2005-2007. — Fabien Conord, Les Rets de la modernité, la gauche non-communiste dans les campagnes françaises de la Libération aux années 1970, thèse, Université de Clermont-Ferrand, 2007. — Tudi Kernalegenn, François Prigent, Gilles Richard, Jacqueline Sainclivier (dir.), Le PSU vu d’en bas. Réseaux sociaux, mouvement politique, laboratoire d’idées (années 50 – années 80), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2009, 343 pages. — Paul Tirand, Loges et francs-maçons audois (1757-1946), Cercle culturel et philosophique de Carcassonne, 2002, 248 pages.


Jean LENOBLE, François PRIGENT, Paul TIRAND